Si la part critique ne manque pas chez Gérard Giachi, elle ne concerne pas l'art, comme ci-dessus, mais l'homme. Il ne s'agit pas d'en faire un discours de moraliste, mais de constater que l'intégration de technologies pas vraiment bien neuves amène toujours à s'interroger sur les fonctions du visuel et du télévisiuel.
Gérard Giachi n'essaie pas de nous faire croire qu'il est vidéaste. Il utilise des téléviseurs, des images vidéo, mais pas seuls. On ne s'installe pas devant un objet-télé de cette sorte avec son plateau-repas et on n'apprendra rien à regarder ce qui se déroule sur ces écrans. On ne gagnera ni objet inutile offert par les produits machin, ni chèque donné par le magazine "Télé-Schmurz". Au contraire, on risque d'y perdre beaucoup sa sûreté de pensée, ses croyances dans la vidéo, et toutes les certitudes i maginables. On y attrapera en revanche des doutes et des peurs rétrospectives, comme on attrape la coqueluche sur les bancs de l'école. Parler de métaphore de l'image, bien que pertinent, serait banal, et parler de métaphore de la mort serait partiel. Mieux vaudrait dire que l'image et la mort sont ici des trompe-l'œil de même nature, des leurres pervers comme le faux marbre, le faux verre, le faux papier, le faux ludique et le faux faux. Qu'une installation comme "La Luce" ne comporte de socle que pour être plaquée au plus près du plafond est symptomatique : socle et déroulement appartiennent à deux états, à deux temps de la sculpture. Un passé, bien sûr, mais qui se continue et perdure, et un présent qui se dilue déjà dans le trivial. Transformer un téléviseur en cage à oiseau, c'est parler de l'aliénation et de la fascination, cela va de soi, c'est aussi créer d'autres scènes pour d'autres chorégraphies sacrées, plus intimes et plus masochistes.
Gérard n'utilise donc pas le bois brut, pas plus que l'image brute. Dans ce monde de l'entre-deux, pas de définitions précises (ce qui est un comble avec la vidéo), mais une grille d'interstices à remplir vaille que vaille en s'aidant de mémoires parfois obsolètes, mais personnelles. Bien malin qui dira comment tout cela peut faire une identité phocéenne (ou massaliote). Quatre démarches autour de l'objet ne font pas une école. Car la pensée n'est pas une pensée commune (aux deux sens du terme) qui peut se lire là. C'est un fragment des années quatre-vingts, préparant ou non lés temps qui viennent, si ils viennent, mais terriblement chargée de contemporanéité et de présent.
François Bazzoli
|
Vue de l'exposition Quatre de Marseille. Au mur : Coupet, au centre : Brusq, au fond : Giachi . Galerie des Arènes. Nîmes.
"Quatre de Marseille", Ronan Brusq, Gilbert Caty, Frédéric Coupet, Gérard Giachi.
Exposition à la Galerie des Arènes, Nîmes, en janvier.
Egalement : Gérard Giachi, exposition personnelle à la Galerie de l'Ecole d'Art, Marseille en mars |
|