YANNICK GONZALES
THIERRY THOUBERT
HY-JEONG GOU
GUY GIRAUD
FREDERIC CLAVERE
GERARD GIACHI























Exposition « Dates de péremption » : du 9/9 au 11/10 au Credac (Ivry-sur-Seine) et du 29/10 au 6/12 au Fonds Régional d'Art Contemporain (Marseille). Avec : Frédéric Clavère, Gérard Giachi, Guy Giraud, Yannick Gonzalès, Hy-Jeon Gou, Thierry Thoubert. Commissaires : Véronique Legrand, Frédéric Valabrègue.

« T RO I S , C H E V A L S »

Gérard Giachi

Gérard Giachi. Un, deux, trois cheval. Installation. 1987.

« Un... Deux... Trois, Cheval ».
Gérard Giachi signé comme une bavure, comme pour affirmer une dérision désinvolte.
Un cheval d'échecs qui restera de bois, trois caméras, trois moniteurs vidéo, quelques détails, annexes : en trois actes, deux dimensions noir/blanc, le mythe est joué sur une bassine en fer blanc renversée, étrange piste de cirque pour un animal dressé, solitaire, planté dans le pigment remplaçant la sciure.
Au total, une installation matérielle énorme pour trois images statiques et en direct, une emphase de moyens pour un jeu d'angles et de mots : l'installation de Gérard Giachi ne serait-elle que cela?
Beaucoup moins sûr quand l'inévitable pourquoi de son état commence à se poser.
Pourquoi ? Pourquoi tant de sophistication dans les prises de vue, les éclairages, ce socle mis en scène, volontairement avec ses quatre verres renversés supportant une chaise défoncée, le tout soutenant la bassine, le cheval... ?
Le savant échafaudage occupe la quasi-totalité de l'espace réel, tandis que les caméras restent braquées sur son étape ultime pour ne remplir les écrans que d'un petit cheval rendu énorme.
Ce décalage entre l'installation effective et l'image qui en est privilégiée semble répondre à la volonté de concentrer notre attention sur une réalité tronquée de sa base, de son sens, de sa raison d'être.
Il me semble que contrairement à ses pièces précédentes, Gérard Giachi n'utilise plus l'illusion comme personnage clé, central.
Elle devient l'une des facettes possibles de l'interprétation. En n'étant plus la ficelle autour de laquelle se noue l'action, elle s'autodésamorce.
Nul besoin de tirer, le nœud se défait, le processus se met à plat et le Deus Ex Machina s'écroule tel un château de cartes.
Avec son « Trois Cheval », je dirais que Gérard Giachi tente de mettre le moyen d'expression vidéo en échec, qu'il essaye de le pousser dans ses retranchements les moins spectaculaires (les plus ?) en déposant sous nos yeux les causes et leurs effets, toutes les connexions qu'elles entretiennent et qui sont leurs armes pour nous tromper, nous séduire en erreur.
« Ah! Misère... » se serait lamenté Ulysse racontant la découverte de la trappe sous le ventre du piège, les Troyens mettant en échec sa stratégie la plus géniale.
Misère de la vidéo, dirait Gérard Giachi ?
Misère ou stratégie, la voici mise à nu réussissant encore l'offensive de nous fondre dans son envers de questionnements.

Sylvie Amar

 


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