NIMES
QUATRE
DE MARSEILLE
A ceux qui voudraient voir une rivalité entre ces deux capitales du Sud, voilà une exposition qui porte un démenti. Après la filière Viallat, Grand, Autard, la coopération Nîmes-Marseille se prolonge aujourd'hui vers les jeunes artistes. En accueillant quatre marseillais, la galerie des Arènes nous fait découvrir la richesse et la variété des modes d'expression qui caractérisent la création contemporaine dans la cité phocéenne.
Il était à craindre, maintenant que les Autard, Baquié etc. sont satellisés sur l'orbite des galeries parisiennes, que s'installe au bord du Lacydon une nouvelle torpeur, mais Ronan Brusq, Gilbert Caty, Frédéric Coupet et Gérard Giachi viennent affirmer, au contraire, qu'une nouvelle génération d'artistes prend la relève à Marseille avec de jeunes galeries qui la suivent. « Ils composent, souligne Robert Calle dans son texte de présentation (1) une nouvelle sensibilité prometteuse comme leurs aînés, mais libre de toute référence à ceux-ci ». Chacun dans son genre, ils illustrent avec assurance quelques-unes des préoccupations essentielles de la pensée artistique contemporaine, sans que l'on puisse trouver cette fois encore dans l'hétérogénéité de leurs directions un
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style qui caractérise une « Ecole » de Marseille.Ronan Brusq s'attache à la nature, au matériau et à ses lois physiques que viennent dérégler parfois celles de l'humour. Gilbert Caty s'affiche comme un conceptuel totalitaire qui s'est approprié une fois pour toutes le format 50 x 50 cm et tout ce qu'on peut y mettre, quitte à tronçonner la tige d'un palmier pour la faire cadrer avec sa dimension. Frédéric Coupet introduit à Marseille la donnée de l'histoire que n'avaient pas traitée les artistes de la génération précédente. A cheval entre la muséographie nombriliste de Boltanski et un boulimisme de références et de descriptions dont il a goûté la saveur dans l'Encyclopédie de Diderot, il joue sur tous les registres de sa virtuosité, entre l'art pauvre et la peinture à l'huile, qu'il dit au beurre. Gérard Giachi déploie, quant à lui, des moyens multimédias - socles architecturés de références néoclassiques, faux marbre, aigles naturalisés gigantesques, vidéo - pour nous convier à un rite tragique et solennel qui porte le reflet du monde.
Jean-Noël Oudin
(1) Catalogue avec une introduction de Robert Calle et un texte de François Bazzoli.
Galerie des Arènes
Boulevard des Arènes
Nîmes 30000 - 66.21.88.12 20
décembre - 30 janvier
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