Gérard Giachi
Performance techno

Dans les règles de l'art, la fête
par Francis Cossu


Une œuvre d'art conçue comme une fête : il y a de l'anarchisme solaire dans untilted party - beta version 0.91, dernier opus du plasticien Gérard Giachi. Une soirée élaborée comme un champ d'expérimentations ouvert à toutes les mises en réseaux Un projet où le virtuel et le machinique, bien loin de l'a-réaliser, donnent un goût de nouveau monde au présent.
En live, images captées sur le net, films extraits de la mémoire collective, mouvements saisis dans le quotidien de la ville sont mixés aux rythmes de la techno, version populaire et ludique de la musique savante électronique.
Au milieu, les corps. Ceux immanents des spectateurs entiers immergés dans un dispositif où les sources sonores et visuelles s'indexent ; invités à inventer leurs propres parcours, singuliers ou pluriels. Durant la performance, l'individu fait ses propres choix. En toute liberté. A l'intérieur du groupe, chacun devient un centre de l'univers.
Une philosophie héritière de la pensée du chorégraphe Merce Cunningham qui, au début des années cinquante avec son complice le compositeur John Cage, opère une véritable déflagration en défonctionalisant le corps, alors enferré dans les carcans académiques, pour le rendre à tous les possibles. Un credo qui n'est pas sans rappeler celui de Marcel Duchamp pour qui l'œuvre doit être «raffinée» par le spectateur.
Ce qui compte pour Gérard Giachi, fasciné par la notion d'expérience à l'œuvre aussi bien dans les ready made que dans le gestus tribal de l'art du tatouage Maori, c'est le retour du vivant : «Aujourd'hui, note-t-il, l'art contemporain est arrivé dans sa phase baroque et décadente. Il n'y a plus de place pour la recherche gratuite, l'erreur, le tâtonnement». L'humain.
Plus proche du nietzschéen «Il m'est odieux de suivre autant que de guider» que du «Ni Dieu ni Maître» libertaire, Gérard Giachi construit des projets qui réfutent l'idée de «personne» (portant un masque et jouant le jeu de l'hypocrisie sociale) comme celle de «sujet» (par essence fabriqué pour souscrire). Il préfère exalter l'individu. Célébrer sa part irréductible. Pour cela, un seul mot d'ordre : défier les passions sur leur propre territoire, la fête.

According to the rule book, the celebration !

A work of art conceived like a celebration: there is anarchism in "Untitled Party beta version 0.91", last opus of the plastics specialist Gérard Giachi. An evening elaborated in an area of expérimentations open at all the networking. A project where the virtual give to the present moment a taste ofnew world.
In live, films extracts ofthe collective memory and movements shooted in the everyday life ofthe city are mixed on the tech rhythms, popular and ludic version ofthe clever electronic music.
On the middle, the bodies. The immanent ones ofthe audience engrossed in a mechanism where source ofsound and pictures index themselves: they are invited in imagine their career, singulars or plurals. During the performance, the individual makes his own choices in complete freedom. In a group, everyone become the center of the universe.
A philosophy heiress ofthe choreographer's think, Merce Cunningham, who, at the beginning of the 50's, with his partner the composer John Cage, makes a genuine explosion depriving the body ofits practicalities. A credo which remind the Marcel Duchamp one and for who the work have to be oversubtle by the audience.
The most important for Gérard Giachi, fascinated by the notion of experience at the work, is the comeback of the living: Today, the contemporary art is in his baroque and decadent phase. There is no place anymore for the free research and the trial and error.
Closer of the Nietzschean "it is unbearable to me to follow as much to guide" than "no God no master", libertarian, Gérard Giachi makes projects and refused the idea of "nobody" (hypocrite and false) and also the idea of "subject" (in essence created to subscribe). He prefers exalt the individual, celebrate his irreducible aspect. For that, one watchword: "to defy passions in its own territory, the celebration".

Mercredi 2 octobre
23h
Escale St Michel
1 - Gérard Giachi

 


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