photothèque
Les expositions
Gérard Giachi
"Ab absurdo". 1988
Bois peint, moniteur vidéo,
vautour naturalisé
320 x 150 x 75 cm |
Gérard Giachi
Galerie de l'Ecole d'art
4 mars - 1er avril 1989
Marseille vient de s'enrichir d'un nouveau lieu d'exposition de grande qualité à la fois dans ses aspects architecturaux et pour ce qui s'annonce de sa programmation. Galerie de l'Ecole d'art de la ville, elle a été inaugurée avec la première exposition personnelle consacrée à l'un de ses anciens étudiants, Gérard Giachi.
D'œuvre en œuvre, Gérard Giachi construit un univers fait d'humour, d'ambiguïté, de dérision et d'une certaine forme de désespoir. Il pose une série de questions nettes qui s'interpénètrent et se recouvrent, s'éloignent et seconjugent. Ses outils sont multiples car mis au service d'un projet et non utilisés pour eux-mêmes. Ainsi la forte prédominence de l'utilisation de la vidéo n'exclut ni la sculpture, ni le dessin, ni la peinture, ni le détournement ou la confection d'objets... Aucune affectation ou maniérisme ne s'exerce car, à chaque fois, Gérard Giachi est à la recherche du matériau juste pour rendre avec le plus d'efficacité et de rigueur la substance de l'idée. Il s'interroge sur l'espace : les relations qu'entretiennent les œuvres entre elles dans un lieu donné et, en retour, la façon qu'à ce dernier de repositionner ce qu'il enclôt. Questions de type architectural aussi : qu'en une colonne devient-elle socle ? A partir de quel moment le vocabulaire de l'architecture néo-classique cesse-t-il d'être "fascisant" pour devenir dérisoire, basculer dans le décoratif, perdre toutes ses connotations de puissance ? Enfin, de l'espace à l'architecture, s'ouvre le domaine de la perception, le passage, tremblant, flou du réel à l'imaginaire, du simulacre au réel. Comment mettre en déroute la logique de notre raisonnement, comment rendre indistinctes les limites d'un monde à un autre ? L'image vidéo est, pour ce projet, la plus adaptée car elle est celle qui pose le mieux l'ensemble de ces questions : espace, temps, réel, simulacre. Le tout est au service de "narrations" dans lesquelles le quotidien rencontre le symbolique et l'historique en des téléscopages rendus puissants par une forme acérée d'humour noir et de dérision poétique.
Marc Partouche
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